Les mots salvateurs de Blanche

Peu de victimes de harcèlement scolaire osent parler de leur calvaire, par honte, par peur de représailles ou plus simplement pour oublier un mauvais souvenir. Blanche Martire a vécu un an de harcèlement scolaire dans un établissement marseillais mais a choisi de témoigner et de faire de ce moment traumatisant un livre qui tire son titre d'une question simple, posée par un camarade de classe.

Briser le silence

Un témoignage au style simple et sobre, aux mots parfois naïfs qu’emploient les enfants, qui contrastent avec la violence quotidienne de ses camarades de classe. « J’ai eu envie de le raconter, pour que les gens sachent que ça arrive. Et puis c’était aussi une manière de me réapproprier ma vie en parlant de moi ». Une démarche courageuse qui a permis à la jeune fille de passer à autre chose. « Je me suis détachée de ce qui m’est arrivée grâce à l’écriture ».

Des mots et des dessins

Et pour se raconter, Blanche a choisi une mise en page bien particulière, des paragraphes courts, pas de marquages temporels mais qui nous font bien sentir les conditions particulières de sa vie scolaire. Elle explique : « Au début, je souhaitais écrire de manière plus traditionnelle mais je ne me reconnaissais pas dans un système de chapitres. Je voulais un effet coup de poing, à l’image de ce que j’avais vécu au quotidien ». A l'histoire de Blanche, viennent s'ajouter les dessins de l'illustrateur Sabadel : «Nous avons beaucoup échangé. Tout s'est fait naturellement car ses dessins me ressemblent, je me reconnais dans cet humour noir ».

La jeune femme a brisé la loi du silence, de la violence, de la solitude : « Je ne me sentais plus à ma place en milieu scolaire ». C’est à son professeur d’italien qu’elle dédicace son livre, celle qui a été la première à la faire parler. « Elle m’a donné confiance et m’a traitée d’égal à égal, c’était important à ce moment-là ».

Depuis son année scolaire chaotique, Blanche a tracé sa route, continué ses études, obtenu son bac et prépare un deuxième livre. Il faut espérer que son histoire aidera des adolescents à sortir du silence et évitera des fins tragiques comme Marion ou Mélina.

Et il me dit : « Pourquoi tu rigoles jamais Blanche ? » aux éditions Fabert

Malorie D'EMMANUELE

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