Le nom du bluesman ne parle peut-être pas aux non-initiés, mais Robert Johnson est à l’origine de nombreux standards du jazz dont certaines comme Stop Breakin’ down blues ont été reprises par les Rolling Stones. Eric Clapton a consacré un album à sa musique : Me and Mr Johnson. Il est celui qui a, bien malgré lui, fondé le Club des 27, nommé ainsi à cause de l’âge des défunts. Il compte d’illustres légendes de la musique telle que Jim Morrison, Janis Joplin, Brian Jones, Jimmy Hendrix, Kurt Cobain ou plus récemment Amy Winehouse.
A chaque fond, sa forme
Le livre est un bel objet, au format « à l’italienne », à l’horizontale, qui donne l’impression au lecteur de tenir entre ses mains un disque vinyle. Mezzo explique ce choix : « Ce format panoramique se prête aux paysages longs et plats du Mississippi. La sensation de vinyle provient probablement de la matière de la couverture mate et noire. Et puis j’aime les changements de formats : à chaque fond sa forme ».
Ouvrir cet album c’est déjà entendre le blues des années 30, la voix particulière sans fioriture et presque incantatoire de Johnson. « C’est un livre sur la musique et c’est un challenge que de l’imager ». Le noir et blanc des dessins nous transporte dans l’univers du blues : « Il fige le temps ; il symbolise le passé où se déroule notre récit. C’est un peu un livre historique. La couleur lui aurait donné un côté trop moderne ».
Un personnage romanesque
Robert Johnson est un talentueux musicien et il commence à bâtir sa légende en prétendant que son talent lui venait d’un pacte avec le diable. Sa vie connaît des hauts et des bas, une enfance douloureuse, la perte de sa femme et de son enfant mais aussi des succès musicaux. Il reste cependant complexe et torturé.
Mezzo confie : « Le sujet force plus l’empathie du lecteur, ce qui n’est pas étonnant avec un tel personnage. Pourtant Jean-Michel Dupont et moi avons évité l’hagiographie. Nous avons dépeint Johnson également dans ses failles les moins séduisantes, tout en essayant de préserver son aura mystérieuse ».
« Entendre les images »
Mezzo et Jean-Michel Dupont ont choisi, à la fin de l’album, de mettre les textes illustrés des vingt-neuf compositions laissées par Robert Johnson : « Quand vous faites le portrait d’un musicien qui a composé tant de standards, et qui est une des influences majeures de la musique populaire moderne, il serait difficile de ne pas les offrir aux lecteurs qui connaissent mal cet exceptionnel artiste ». Love in vain nous plonge au cœur du blues mais aussi de l’Amérique profonde des années 30.
Love in vain Mezzo et Jean-Michel Dupont aux éditions Glénat. Exposition Love in Vain à l’Office du Tourisme dans le cadre des Rencontres du 9e art à Aix-en-Provence jusqu’au 19 avril. Mezzo sera en dédicace du 10 au 12 avril à la Cité du Livre.
En partenariat avec Quatre sans Quatre.