L'album Opérette de Moussu T e lei Jovents. ©Christine Cornillet

Moussu T e lei Jovents : le jazz des années 30

A l’origine de Moussu T e lei Jovents deux membres du groupe Massilia Sound System, Moussu T et Blu. Les représentants du raggamuffin se sont décidés à passer à la chanson des années folles, voire à l’opérette marseillaise.

Faire danser les foules depuis les années 80, c'est une chose qui tient à cœur au chanteur Tatou. Pour lui, la chanson populaire est fonctionnelle, « elle permet d'aller draguer. Si le matin quand tu te lèves tu n'es pas bouillant, ça te remonte. Quand tu manifestes, si t'en as marre de dire des slogans, tu t'inventes une chanson ».

Un métissage musical

Le groupe qu'il a fondé en 2004 avec le guitariste Blu leur permet désormais de « prendre d'autres espaces, histoire de jouer tous les deux à la fin du banquet ». Si pour Tatou la chanson revêt une fonction sociale et accompagne les gens, elle doit aussi transpirer la réalité du quotidien, sans quoi elle ne voudrait rien dire. La force de leur dernier projet, Opérette, est de se réapproprier des chansons composées dans les années 1930 et 1940. Tant et si bien que l'on croirait qu'elles ont été fraîchement écrites par les ciotadins.

Blu explique : « On parle de politique, de gens qui font un barbecue au cabanon le week-end. On en a changé l'interprétation et l'orchestration pour voir vers l'avenir. On montre que ces chansons de René Sarville, composées par Vincent Scotto, ont encore leur place aujourd'hui. On a choisi des morceaux où l'influence des musiques noires est évidente au sein de chansons qu'on pensait être du terroir ».

Derrière l'aspect festif et la volonté de toujours revenir vers la région provençale, la base qui permet de se construire, le message de Moussu T e lei Jovents est plus large : « Cela parle de métissage, tous les mouvements d'émancipation des noirs sont représentés dans la cité phocéenne des années 30. Et c'est drôle de voir que ce qu'on nous vend comme étant le patrimoine marseillais est rempli de l'influence jazz. Cela montre que ces chansons issues de ce terroir viennent en fait du monde entier », raconte Tatou.

La mécanique du groupe

Le projet est extrêmement bien mené, avec des paroles qui évoquent la pêche et le bon vivre. Ces réinterprétations dénotent une savante maîtrise du genre musical. Pour cause, Blu révèle une méthode de passionnés. Ils se sont toujours considérés comme des artisans mécanos, qui observent une composition et la démontent : « On prend les pièces qui nous intéressent et on en fait ce qui nous correspond ».

Le moteur jazz traditionnel alimenté par la fougue de Moussu T e lei Jovents fonctionne à merveille et renouvelle les dix années de carrière du groupe.

Suivez l'actualité du groupe sur leur site officiel.

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