Quand il rentre en France, Pakito Bolino décide de faire pareil et de créer un atelier avec pas grand-chose. C'est ainsi que naît le Dernier Cri. « J'ai commencé dans un squat qui s'appelait le CAES à Ris-Orangis et au bout de deux ans j'ai déménagé à Marseille à la Friche Belle de Mai. J'y ai installé mon atelier de sérigraphie et depuis je continue dans la lignée que m'a montré Henriette Valium. »
Un artiste underground
Henriette Valium est décédé en septembre 2021 sans que lui soit rendu l’hommage que méritait son travail artistique, selon Pakito. « Je me suis dit qu’il était indispensable de [lui] rendre hommage que cela pourrait servir dans son pays pour se rendre compte qu'il est un artiste majeur. »
Pakito estime que si Valium n’a jamais eu de visibilité à la hauteur de son talent c’est parce qu’il était sans concession. « Il fait partie des artistes qui sont des outsiders, ils ne sont pas du tout insérés dans le système actuel ni dans le précédent! Valium a toujours vécu en marge. »
Valium était un marginal. Un temps, son atelier de sérigraphie était installé aux Foufounes électriques, lieu alternatif de Montréal. Il y produisait notamment les affiches de concerts qui avaient lieu dans le club.
« Je pense qu'on ne peut pas être artiste et rester dans sa ville natale parce qu’on connait tout le monde. C'est ce qui est arrivé à Valium, il connaissait les gens qui avaient des carrières dans l'art à Montréal. A la fin de sa vie il était tout seul dans son coin parce qu’il était trop entier dans un monde où on ne veut pas parler à des gens entiers. »
Découvrir Valium
L’exposition Valium For ever, à voir à la Friche Belle de Mai jusqu’au 21 mai, permet de découvrir l’artiste.
Pakito, qui en est le commissaire, a voulu montrer l’étendue de son talent et surtout que l’artiste soit présent dans chaque recoin de cette exposition. On y retrouve des interviews sonores et vidéos ou encore des textes. Sa voix raisonne et nous fait entrer dans l’intimité de l'artiste québécois. La reconstitution de son dernier atelier rend cette présence encore plus vivante. Elle permet d’entrer dans son processus créatif. « Des objets lui ayant appartenus ont été apportés à la Friche, des chaussettes, des fringues, sa tasse, des prises électriques pour que ça ressemble le plus possible à ce que c'était en réalité, dans le garage qu’il sous-louait à sa fille à Montréal. »
Pakito espère que l’expo pourra voyager dans d’autres villes en France et que le Canada lui rende aussi hommage : « Tous les originaux sont là-bas, il y aurait de quoi faire une belle rétrospective ».
L’œuvre de Valium raconte quelque chose d'humain. « C'était quelqu'un de très drôle. Il me manque. »