Georges Briata dans son atelier à Marseille. ©AlexandraLopis

Le vitrail oublié de MP2013

Suite au lancement de Marseille-Provence 2013 Capitale Européenne de la Culture, Et Baam a souhaité revenir sur l’un des projets phares abandonnés, le vitrail destiné au fronton de la gare Saint-Charles, imaginé par le peintre Georges Briata.

Le 4 novembre 2011, les Marseillais apprenaient que le projet du plus grand vitrail d’Europe avec ses 375 m² ne verrait pas le jour. Guillaume Pépy, président de la SNCF annonçait la fin de l’un des projets emblématiques de Marseille-Provence 2013. Une fin de non recevoir qui laisse encore à ce jour les acteurs et les politiques locaux perplexes. Dans la galerie Asakusa, où sont exposées les œuvres du peintre de renommée internationale, Georges Briata et son épouse Vincente nous relatent les faits avec indignation : « On ne comprend pas. Même mes amis du Mucem ne comprennent pas pourquoi il n'y a pas de vitrail. C'est le scandale de MP2013.»

Une œuvre pérenne

A l’initiative de Jean-Charles Escribano, président de l’association Vitrail imagiers et verriers, le projet de monter le plus grand vitrail d’Europe se met en place. Le peintre Georges Briata et le maître verrier Dominique Imbert ont été sollicités pour réaliser le projet. « Je faisais une conférence à l’espace écureuil sur les œuvres de Van Gogh quand un homme s’est approché de moi et m’a demandé si j’aimais le vitrail ». De ce jour, sous le patronage de l’académie de Marseille, le projet d’un coût de 2 millions d’euros , « destiné à orner la verrière triangulaire sur le pignon de la gare Saint-Charles », ne cesse d’obtenir le soutien de partenaires financiers comme le Lions club et des politiques de la région comme Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille et Michel Vauzelle, président du Conseil régional de PACA.

« Une idée originale », s'enthousiasme sa femme Vincente, un projet qui réunit toutes les symboliques de la ville comme la Marseillaise de Françoise Rude, ou encore la naissance de Marseille avec une amphore grecque. Une idée qui était en adéquation avec le discours de Bernard Latarjet (ancien directeur général de MP2013) en 2008 lors d’une manifestation privée à l’Opéra, comme le rappelle avec émotion Vincente Briata: « Qu'il soit bien entendu et compris qu’il nous faudra des œuvres pérennes et pas ponctuelles. Ce qui est important dans ce projet là, c’est que ces œuvres restent. » A l’instar du vitrail, on peut déplorer que peu d’œuvres pérennes aient été retenues pour MP2013.

Une question d’argent

Mais les raisons de cet échec reviennent en particulier à la gare SNCF :

Selon la SNCF le vitrail aurait assombri la gare et aurait été trop lourd. Une étude commanditée par l’artiste a prouvé que le poids serait inférieur d’une tonne et demi au poids initial:  «La structure qui tient le vitrail est plus légère et plus résistante. La gare de Bilbao en Espagne possède un vitrail de 250 m² et il n’existe à ce jour aucun problème de transparence. De plus, j’utilise des couleurs vives avec des centaines de nuances. Les voyageurs auraient été accueillis par un bain de lumière ».

Autre point délicat selon le président de la SNCF, c'est la maintenance du vitrail qui serait onéreuse. Georges Briata révèle avec ironie qu’ il suffirait de le « laver au jet d’eau, à faible pression tous les cinq ans et la révision de la résille de plomb se fait une fois par siècle. Sans oublier que la pose du vitrail ne prendrait que trois mois et se ferait par la face extérieure, sans gène pour les voyageurs ». Des arguments infondés dont le véritable motif serait, selon Briata, l'argent. En effet, le panneau publicitaire de SFR placé à l'endroit où devait être le vitrail rapporte 400 000 euros par an. "Un manque à gagner" , s'insurge l'artiste, que la SNCF refuserait de perdre et qui remet en question l’adage « l’art n’a pas de prix ».

Contrairement à la France, ce projet a été reçu avec enthousiasme en Allemagne lors d’une exposition organisée dans une ancienne gare, Stettiner, à Berlin. «Il m’a été demandé d’imaginer un vitrail pour cette gare classée monument historique ». Briata continue d’espérer que la SNCF donnera un jour son aval, car à travers le vitrail de la gare Saint-Charles, c’est un message de paix et de bienvenue que souhaite délivrer l’artiste, un message éloigné de l’image négative que véhicule Marseille.

 

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Commentaire

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  1. katie dit :

    Très jolie photos ….pour ceux qui veulent acheter des verrières d’intérieur ou des verrière d’atelier haut de gamme, je leur conseille les sites Ghislain antiques et verrières d’atelier. com..

  2. EtBaam dit :

    Merci pour ton commentaire Katie ;)