Élise Giraudau. ©Chloé Hautier Pro

Cancer des ovaires : écrire pour donner du sens

Le cancer des ovaires. C’est le sujet douloureux qu’aborde La vie en turquoise, le premier roman d’Élise Giraudau, un hommage émouvant à ce qu’a vécu sa sœur décédée alors qu’elle n’avait que 23 ans.

Élise Giraudau a toujours écrit, et sa première lectrice a toujours été Louise sa petite sœur. En septembre 2021, les médecins diagnostiquent à Louise un cancer des ovaires. Un combat contre la maladie commence alors pour la jeune femme et sa famille.

« Ma sœur a tenu un carnet de bord de sa maladie parce qu'elle avait acheté plusieurs livres témoignages de jeunes qui avaient eu un cancer et elle voulait documenter son parcours dans un livre témoignage qui servirait à d'autres personnes », explique Élise qui pour sa part découvre le quotidien des proches aidants : « C'était un nouveau rôle pour moi et je ne me rendais pas compte de la difficulté de ce rôle avant cela ».

Des mots justes pour raconter la maladie et la solitude

Quand elle apprend qu'elle est condamnée, Louise confie ses écrits à Élise. Après son départ, Élise se lance à corps perdu dans la rédaction de cet ouvrage.

Pourtant, rien n'est simple pour la jeune femme en colère et en deuil : « J'en voulais et j'en veux toujours au monde entier, ça se ressent beaucoup dans le livre et notamment à la fin, mais je voulais terminer ».

Élise avoue ne pas avoir de souvenirs de l'écriture : « J'étais dans du coton, j'ai des vidéos de moi en train d'écrire, je me filmais pour mes réseaux sociaux, mais je ne me souviens absolument pas avoir écrit ce roman, c'est un mouvement de protection, confie-t-elle. Cette énergie je l'ai trouvée parce que j'ai fait une promesse à ma sœur et cette promesse est la plus importante de ma vie ».

Dans son roman, elle pose les mots justes sans chercher à les adoucir, elle raconte le cancer et son impact, la fin de vie et les violences médicales. Elle décrit l'entourage qui s'éloigne et laisse les aidants et les malades seuls face à une situation particulièrement cruelle. « J'ai ajouté des choses que je n'ai pas vécu ou pas tout à fait exactement de cette façon-là pour les dénoncer, notamment l'abandon progressif des amis. Le cancer s’immisce dans toutes les relations et les conversations. »

Louise, héroïne immortelle d'un roman engagé

Pour Élise, ce roman est aussi révélateur de son écriture, elle comprend que l'engagement est important pour elle : « Je suis une personne réservée dans la vie et je m'exprime à travers mes écrits. Il y a des personnes qui sont faites pour écrire des choses qui font rêver, les auteurs que j'aime lire et que j'admire sont ceux qui dénoncent. J’ai envie, en toute modestie, de rentrer dans cette catégorie ».

Alors que les cancers féminins sont généralement détectés plus tardivement que les cancers masculins, elle souligne l’importance de mettre en avant « cette thématique féministe ».

« Il faut continuer de communiquer sur Octobre rose mais il faut également parler de Septembre turquoise et des cancers gynécologiques. Il faut s'emparer des thématiques de la féminité, de comment on se sent toujours féminine et comment appréhender son nouveau corps et son reflet dans le miroir. »

Pour Élise, ce roman est une manière de se sentir utile, et qui a fait du bien à sa santé mentale. Une écriture thérapie dont l’objectif était avant tout « de faire de Louise une héroïne de papier immortelle ».

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