Marseille Noir ©MD

Marseille Noir : nouvelles intenses

Quand on me parle de roman noir Marseillais je pense inévitablement à Jean-Claude Izzo et sa Trilogie : Total Kheops, Chourmo, Soléa parce que j’ai eu la chance de le rencontrer, un de mes plus beaux souvenirs de lycéenne.  Alors l’idée de lire Marseille Noir m’a vraiment emballée. 

Cette lecture s'annonçait comme une promesse de Madeleine de Proust au travers quatorze histoires et autant de quartiers qui sont décrits par des Marseillais de naissance ou d’adoption. Un voyage dans la ville, de Château Gombert au Stade Vélodrome, ambiances tendues, vengeances du passé, mafia, tout y passe sans pour autant paraître cliché. L’amour porté par les auteurs à la ville est perceptible au travers de mots tendres et réalistes mais aussi durs et moqueurs.

Dans sa nouvelle Que Dire, Rebecca Lighieri, auteur et dramaturge, décrit ainsi le quartier de Longchamp «il ne ressemble en rien à l’idée qu’on se fait de Marseille quand on n’y a jamais mis les pieds. Entre la place Leverrier et celle du Jardin zoologique, on oublie vite que la ville est un port. Le palais Longchamp y ferait même comme une enclave danubienne, verte, fraiche et pimpante avec ses pelouses, ses colonnades à mille lieues de Lumini et de l’Estaque, sans parler des quartiers Nord». Les pages sont remplies de ce que Marseille représente : une ville du Sud, portuaire avec son lot de faits divers glauques et de petits trafics mais à laquelle bons nombres de ses habitants sont attachés sans pour autant pouvoir se l’expliquer.

Des personnages aussi forts que la ville

Les personnages qui peuplent ce recueil sont pour la plupart attachants qu’ils soient victimes ou bourreaux. J'ai particulièrement aimé le personnage de Caroline, dans la nouvelle de Marie Neuser, Je partirai avec le premier homme qui me dira je t’aime, cette femme devenue la meurtrière de son mari volage engage un dernier dialogue avec lui avant de jeter son corps au large de l’île du Frioul. «Quand j’ai pris conscience de ce que je venais de faire réellement. Te déverser dans les chiottes comme une vieille chiasse. Passer brutalement de l’amour fou à la chiasse, est-ce que c’est dans l’ordre des choses? Je n’ai pas pu me résigner à hacher menu ton visage tant aimé, ta poitrine où ce cœur avait battu pour moi, rien que pour moi, pendant tant d’années, ton sexe qui avait frétillé pour mon seul plaisir, pendant si longtemps. Ça non je n’ai pas pu».

Je me suis surprise à comprendre ce qui l’a poussée à tuer François plutôt que de le quitter et comprendre pourquoi elle continue de l’aimer par-delà même sa mort. Elle reste humaine bien qu'elle ait tué, démembré et mixé son époux.

Une lecture agréable et haletante

Ce recueil de nouvelles permet de se plonger dans des intrigues où le suspens est intense et dont les personnages ont une vraie contenance. Le format court m'a immédiatement plongée au cœur de l'action et grâce à la lecture d'un trait je ne suis pas restée en attente dans l’intrigue. J'ai changé d’ambiance, de paysage à chaque histoire tout en restant dans la même ville : Marseille, fil conducteur et lien entre chaque auteur et chaque personnage.

Marseille Noir présenté par Cédric Fabre aux Éditions Asphalte.

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