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Paris-Kinshasa Express: la musique métissée du Congo

Les mélodies de guitares se promènent sur les rythmes dansants du Congo… C’est la musique du groupe Paris-Kinshasa Express ! Son leader, Patrick Mundélé, a profité du salon professionnel Babel Med Music pour présenter leur nouvel album éponyme, le 22 mars 2014 au Dock des Suds à Marseille.

Patrick Mundélé, vous aviez à peine deux mois quand vous êtes arrivé au Congo. Vous y êtes resté jusqu'à l'âge de neuf ans. Quelle imprégnation avez-vous gardée de ce pays ?

PM : Elle est forte ! Une fois arrivé en France, je ne supportais pas les chaussons ou les blousons… Je pouvais marcher pieds nus sur des galets. J'ai mis quatre à cinq ans avant de m'adapter à la France.

C'était donc à Paris. Êtes-vous parvenu à rencontrer des musiciens facilement pendant votre adolescence ?

PM : Des musiciens oui, mais pas des Congolais. J'ai mis un certain temps avant de recroiser le chemin de la diaspora congolaise et de l'intégrer, dans les années 2000.

Le projet Paris-Kinshasa Express a émergé en 2013. Vous êtes passé par de nombreuses expériences musicales avant de produire ces chansons métissées...

PM : Oui, j'étais plus dans une musique caribéenne, jamaïcaine, avec du ragga, reggae et même du dancehall. Le projet Paris-Kinshasa Express représente un revirement assez radical. Mais cela s'est fait naturellement. Auparavant je travaillais avec Lacrymo – je produis d'ailleurs encore ponctuellement des choses avec l'un des chanteurs. C'était une formation de reggae métissé que l'on voulait acoustique. Elle a fait son temps, cela a plutôt bien marché en Île-de-France : nous avions fait la première partie de Magic System à une époque... mais c'est du passé. Aujourd'hui, je suis sur un projet qui n'a rien de commun, qui a une puissance en lui très différente de ce que j'ai fait auparavant.

Vous avez avec vous un petit instrument qui vous accompagne sur scène, comment s'appelle-t-il ?

PM : C'est un likembé (ou sanzapiano à pouces, ndlr). Il en existe de différentes tailles, mais pour voyager je prends le petit de la panoplie. Au sein de la rumba congolaise, c'est un peu l'ancêtre de la guitare. Historiquement, c'est un instrument sacré d'Afrique centrale. Il était aussi utilisé par des guérisseurs ou par les hommes qui parcouraient des distances impressionnantes. A ma connaissance, les premiers étaient fabriqués avec des lamelles en bambou. Mais le peuple Bantou (dont l'instrument est issu) est un peuple d'Afrique qui a utilisé le fer très rapidement. Pour citer un grand groupe de likembé, je peux évoquer Antoine Mundanda, qui avait monté un trio de likembés géants.

En plus de cet instrument, dans l'album Paris-Kinshasa Express, vous jouez de la guitare et vous chantez, parfois en lingala... le groupe se compose d'un noyau dur et de musiciens d'horizons divers qui gravitent autour ?

PM : Oui, le bassiste japonais Niwa Koshi en fait partie (il parle d'ailleurs très bien le lingala !). Se sont joints à l'aventure des personnes du Togo, du Cameroun mais aussi des Antilles. Les deux Congos sont présents puisqu'on peut difficilement parler de Kinshasa sans parler de Brazzaville et vice-versa. (Nono Atalaku et Elvis Kunku ont notamment contribué à l'album, ndlr).

Enfin, parmi les sept titres de Paris-Kinshasa Express, on trouve Mabele. Quel est le sens de cette chanson ?

PM : Mabele signifie la terre ou poitrine, selon la prononciation. Pour moi, c'est un parallèle intéressant car on traite de ce qui donne la vie. J'aime cette métaphore des battements du cœur de la terre. On pourrait imaginer le monde comme une polyrythmie dans laquelle tous les cœurs, imbriqués les uns avec les autres, battent ensemble. A chaque fois que l'on ôterait l'un de ces cœurs, la polyrythmie s'affaiblirait et donc nous avec... J'essaie de dire par là que la société est basée sur des ressources épuisables et que, quelle que soit notre continent d'origine, il faut être très prudents.

Suivez le groupe via leur page Facebook, ou encore écoutez les sur YouTube.

 

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Commentaire

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  1. booska p dit :

    je sais pas quoi dire