Maud Narboni, comédienne ©Jérémy F Marron

Au nom d’ Anna Politkovskaïa

Vincent Franchi, directeur artistique de la compagnie Souricière, met en scène Femme non-rééducable, la pièce du dramaturge italien Stefano Massini, un texte écrit à la mémoire d’Anna Politkovskaïa journaliste russe abattue le 7 octobre 2006.

Stefano Massini écrit la pièce en 2007, un an après l’assassinat d’Anna Politkovskaïa. Il y retrace le parcours et l’engagement de la journaliste russe notamment au travers de ses reportages sur la guerre en Tchétchénie. Vincent Franchi explique « Je connaissais l’engagement d’Anna Politkovskaïa avant qu’elle ne meure, son opposition à Vladimir Poutine et qu’elle était menacée, j’étais déjà admiratif. Son assassinat m’a choqué. J’en parlais beaucoup lors de discussions politiques ».

Incarner Anna Politkovskaïa

Un jour, une amie lui conseille la lecture de la pièce de Massini qui venait de paraître. Vincent Franchi appréhende cette lecture, il craint que la pièce soit un hommage à la journaliste, « pour moi, ce n’est pas le rôle du théâtre que de rendre hommage ». L’effet est inverse « j’ai eu un véritable coup de cœur pour l’écriture de Stéphano Massini. Il fait d’Anna Politkovskaïa un vrai personnage de théâtre dans la lignée des tragédies grecques. J’ai immédiatement pensé à deux héroïnes : Antigone, pour l’attente de la mort et Cassandre pour le côté messager qui passe pour fou ». Le metteur en scène attend alors de trouver sa comédienne, celle qui incarnera la journaliste quand viendra le temps de l’adapter.

« Fluctuation de la mémoire »

Il trouve son interprète en la personne de Maud Narboni avec qui il a collaboré sur un autre projet et choisit Amine Adjina pour lui donner la réplique. Il prend le parti d’un duo d’acteurs là où Mireille Perrier, qui a déjà mis en scène et joué la pièce, avait choisi d’être seule et d’incarner tour à tour Anna et les autres personnages.

Ce choix de mise en scène est en lien direct avec le sous-titre de la pièce : Mémorandum théâtral sur Anna Politkovskaïa. « Pour moi, le sujet central de cette pièce est la mémoire, il y a toute une réflexion de Massini à ce sujet et ses fluctuations , la pièce c’est un personnage qui se souvient et qui témoigne. La mémoire est parfois claire mais peut être contrariée. Comme par exemple lors des scènes traumatiques telles que son agression ou encore son coma.  Amine Adjina joue une sorte d’extension de sa mémoire, une présence qui rôde et qui endosse le rôle de ses interlocuteurs ». Une traversée des souvenirs d’une femme engagée mais aussi d’un moment d’Histoire.

Femme non-rééducable du 4 au 26 juillet à 14 heures au Théâtre du Balcon dans le cadre du Festival d'Avignon.

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