La Chicanerie est un outil de la coopérative Percolab. ©Percolab Coop

La Chicanerie : transformer le conflit en outil pour mieux collaborer

Et si on arrêtait de fuir les conflits pour en faire des occasions de mieux collaborer ? C’est le pari de La Chicanerie, un outil de la coopérative d’innovation sociale Percolab à Montréal.

Lancée lors du Campus Fab City 2021 à Montréal, La Chicanerie propose des ateliers pour apprendre à apprivoiser le conflit, s’outiller pour le gérer et apprendre à le voir comme quelque chose de sain. 

L’objectif est de « normaliser le conflit », explique Stéphanie Bossé, chargée du projet et facilitatrice de La Chicanerie et membre de Percolab Coop.

« Ne pas avoir de conflit, c’est du déni. Ça fait partie de la vie. Si on veut collaborer, il y a un passage par les tensions. […] On vient offrir une forme de vocabulaire partagé pour naviguer le conflit. Au Québec particulièrement, le conflit, est quelque chose qui est mal vu. On ne veut pas être la personne qui se chicane, donc souvent, on va adopter des comportements qui ne sont pas plus simples pour le dépasser. »

Le dialogue au menu 

Le format de La Chicanerie est à l’image d’un restaurant : on réserve une table, on s’installe à deux ou en groupe, avec des amis ou avec des inconnus, et on nous propose un « menu » d'exercices. Entrée, plat principal et desserts sont assortis d’une thématique à aborder au cours d’une conversation.

Pour Sophie Vidal, facilitatrice de La Chicanerie et membre de Percolab Coop, la métaphore du restaurant est importante car dans l’inconscient collectif « c’est quelque chose qui est rassurant. On y va pour se faire plaisir, on y va pour être dans l’intimité, pour partager ».

Au bout d’une heure et quart, les participants réussissent à « nommer leur inconfort et leur biais ».

« On n'est pas forcément dans des profondeurs, on n'est pas de la thérapie. On est juste en train de s'occuper des conflits du quotidien qu'on met régulièrement sous le tapis. Les personnes qui sortent de là ont l'impression de se confier comme jamais, parce qu'il y avait cette authenticité, cette vulnérabilité qui était acceptée et accueillie », poursuit Sophie.

Même si l’impact est immédiat, la démarche de La Chicanerie repose sur la récurrence : « Parce qu'on ne peut pas développer des capacités et une forme de résilience en une fois », rappelle Stéphanie.

« L’impact n'est pas le même quand on vit l'expérience une seule fois et quand on vient avec une intention de pratiquer », ajoute Sophie.

Se chicaner comme on va au cinéma 

Pour elles, l’enjeu dépasse le mieux-être individuel : c’est un levier essentiel de résilience collective. Si nous voulons relever les défis de la transition socio-écologique, il faut d’abord travailler « nos compétences et capacités citoyennes à dépasser les conflits dans les projets collectifs », estime Stéphanie.

Dans nos quotidiens « très actifs, surchargés et où l’information va très très vite », offrir un espace « où on est pleinement écouté » répond à un besoin social.

« C'est quelque chose qui doit être dans les tendances d'innovation sociale, que chaque quartier, chaque ville [puissent proposer] ces espaces-là », souligne Stéphanie, qui rêve d’un réflexe collectif : celui d’aller à La Chicanerie comme on irait au cinéma, ou prendre un verre le vendredi soir.

Pour en savoir plus sur Percolab et La Chicanerie, regardez la vidéo ci-dessous:

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