Les moutons se promènent librement tous les jours de 9h à 19h dans le parc Maisonneuve, jusqu’au 20 septembre. ©AL

Des moutons pour remplacer les tondeuses

Chaque été depuis cinq ans, Biquette à Montréal propose le retour du pâturage en ville. Le projet vise à contribuer à l’éducation du grand public sur les enjeux environnementaux.

Sous le regard attentif de bergers bénévoles, deux brebis, six agneaux et deux béliers broutent l’herbe du parc Maisonneuve, dans l’arrondissement Rosemont-La Petite-Patrie. Le troupeau se balade librement ici depuis le mois de juin et restera sur place jusqu’au 20 septembre.

Ils font partie de Biquette à Montréal, un projet d’entretien naturel du gazon à la fois économique et écologique.

« L’écopâturage a de nombreux impacts. Les bénéfices sont là, même juste avec 10 moutons », explique Marie-Ève Julien-Denis, la fondatrice du projet. Leurs excréments « augmentent l’activité des microorganismes dans le sol, enrichit la terre et stimule la biodiversité ». Le pâturage d’animaux herbivores permet d’éviter l’utilisation d’engrais chimiques et de carburants liés aux tondeuses. Il diminue la pollution sonore et favorise le retour d’espèces sensibles au bruit, comme certains oiseaux. « Les ruminants contribuent aussi à contrôler la progression de plantes envahissantes », ajoute-t-elle.

Rapprocher les mondes rural et urbain

Après une maîtrise en agriculture urbaine et autogestion, c’est en 2014, lors d’un voyage dans La Crau en Provence, que Marie-Ève a appris le métier de bergère et en est tombée amoureuse.

« C’est une amie bergère qui m’a fait découvrir le métier. J’avais aussi des amis à Dunkerque qui montaient une chèvrerie urbaine, c’est à ce moment-là que j'ai découvert l’écopâturage. Quand je suis revenue de voyage, je me suis dit ‘’pourquoi pas à Montréal?’’. »

En 2015, elle rencontre le maire de l’arrondissement Rosemont-La Petite-Patrie pour lui parler de son idée. « Quand je l’ai rencontré, ça a pris cinq minutes pour le convaincre, il était intéressé, connaissait un peu et voyait la pertinence d’un projet comme celui-là. »

L’idée se concrétise en 2016 avec, comme première édition, un projet pilote d’un mois.

« Petit à petit le projet a grossi et la perception des citoyens a changé. C’était important pour moi que ce ne soit pas considéré comme un zoo urbain. Ça a pris du temps, il a fallu expliquer qu’on ne touche pas les animaux, qu’on ne les nourrit pas et qu’ils ont une fonction particulière », explique Marie-Ève.

Les visiteurs peuvent tout de même s’approcher des animaux qui sont en liberté tous les jours de 9h à 19h. Le soir, ils rentrent dormir au Repaire de Biquette, dans une bergerie installée dans le parc.

Un volet éducatif pour sensibiliser les citoyens

Au Repaire de Biquette, plusieurs activités sont proposées autour du pâturage, des moutons et de l’agriculture urbaine en général. On y retrouve des ateliers sur la laine, le fromage, le lombricompostage, les champignons ou encore sur comment identifier les plantes comestibles, médicinales et toxiques.

« On se tourne aussi vers la permaculture, on a des bacs de jardinage, des poules. On essaye de faire des liens avec tout ce qu’il y a autour. On veut montrer que l’humain ne contrôle pas la nature, mais qu’il en fait partie. Ce qui est important c’est le partage des connaissances. »

Au-delà du broutage, on ressent aussi les bienfaits de la zoothérapie : « On est vraiment déconnecté. Il y a des gens qui nous disent que juste de venir voir les animaux, sans le bruit de la tondeuse, ça les apaise ».

Après avoir passé l'été à Montréal, les moutons rentreront au bercail avec Marie-Ève, dans une ferme dans les Laurentides, pour y passer le reste de l’année.

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