Le pitch du livre : pendant sept jours, un interne en médecine prend sur son temps pour raconter à une patiente en phase terminale d’un cancer qui lui rappelle sa mère, les petites et grandes anecdotes que ses collègues ou lui ont vécues durant leurs gardes à l’hôpital afin qu’elle puisse revoir son fils, parti en voyage, avant de mourir.
Petites histoires du quotidien
A première vue, ce n'est pas forcément le livre le plus réjouissant au monde pour se détendre après une journée de travail. Et pourtant les 321 pages de ses chroniques hospitalières ont été pour moi une véritable bouffée d’air pur. D’abord parce qu’elles se lisent vite par leur découpage chronologique de la journée. D’autre part parce qu’on se retrouve dans ces tranches de vie, d'émotions et de rires des situations familières, car nous avons tous été à un moment un patient «impatient" ou souffrant aux urgences.
On s’identifie à ses personnages sympathiques auxquels l’auteur donne des surnoms parfois saugrenus tel que «Frottis» pour sa co-interne ou «chef Pocahontas» à une de ses supérieures qui est semble être une sioux. «Redoutablement rusée» afin de conserver leur anonymat. Et il y a cet auteur-narrateur, un jeune médecin qui déteste le mot mort. «On ne meurt pas : on chevauche un étalon arc-en-ciel qui vous emmène faire du rodéo dans les nuages sur le son de Lucy In The Sky With Diamonds».
Un milieu humain
Tantôt drôles tantôt tristes, ces anecdotes sont ancrées dans la réalité du milieu hospitalier. Certains prennent du recul pour soigner ses petits et ses grands maux sans laisser transparaître leurs sentiments. D’autres sont investis corps et âmes dans leur métier et les laisse voir plus clairement. Tous sont simplement humains avec leurs failles et leurs forces.
L’auteur évoque également une rencontre, un «coup d’humanité» avec la sœur d’un patient qui a perdu son combat contre la maladie et qui pour le remercier lui a écrit une lettre : «On a perdu la guerre, conclut-elle, mais je me sais moins malheureuse de l'avoir faite et perdue à vos côtés».
Je pense qu'il faut lire Alors Voilà. Non pas parce qu’il nous permet de nous évader mais parce qu’il nous permet de comprendre ce monde angoissant qu’est l’hôpital bien mieux qu’un épisode de séries médicales américaines. Il nous confronte à une réalité, celle des patients en souffrance à une période de leur vie et celle du quotidien des soignants.
Alors Voilà c'est aussi et avant tout un blog récompensé en janvier 2013 par le prix Alexandre-Varney. Pour le découvrir c'est par ici.
Alors Voilà : Les 1001 vies des Urgences Baptiste Beaulieu Editions Fayard
Ce livre est exceptionnel, j’ai eu l’opportunité de le lire. Il est réaliste et humain à la fois. Il m’a fait penser à « Oscar et la Dame Rose », un autre roman dans le même esprit.
Tout à fait d’accord avec vous. J’ai lu les deux d’affilée ce sont deux beaux livres qui m’ont touchée. Malorie
J’ai acheté ce livre après lecture de votre article…je ne décroche pas, souris, m’émeus et malgré tout m’évade un peu.
Merci à vous pour ce bon choix et à l’auteur pour ces bons mots.