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Jean Michel Aphatie, l’Algérie et moi

Jean-Michel Aphatie a récemment comparé les crimes commis en Algérie au massacre d’Oradour-sur-Glane.

Certains ont été choqués. Pour ma part, j’ai été soulagée. Excessive? Peut-être. La vérité, c’est ce que j’ai ressenti. (Petit résumé des faits ici)

Un soulagement d’entendre un journaliste reconnu dire, dans une matinale sur une grande radio, que nous avions merdé quelque part dans notre Histoire et qu’on se cachait tous gentiment derrière nos bonnes consciences et notre idée d’une colonisation positive. L’idée qui dit que nous avons aidé un pays sous-développé à vivre de ses richesses. Et non pas l’idée que nous en voulions à ses richesses. Je dis « nous » alors que je n’étais pas née. Je dis « nous » parce que je suis Française, j’écris « nous » parce que c’est notre histoire.

La comparaison avec les Nazis est abrupte, choquante pour certains. Pour moi, il n'y a pas de parallèles possibles. Mais, il y a entre Oradour-sur-Glane et les massacres perpétrés par la colonisation, un point commun : la cruauté.

J’apprécie Aphatie, son accent du sud-ouest qui fait très terroir et qui montre qu’au sud aussi, on ne se renie pas, c'est là le sens de sa démission.

Je ne suis pas toujours d’accord avec ses propos, il est parfois rude, toujours entier mais respectable.

Quand je l’ai entendu parler d’Oradour-sur-Glane, j’ai pensé à Khenchela, ville qui a vu naître mon grand-père. J’ai pensé à lui, parti combattre pour la France à 20 ans à peine, pour libérer la France des nazis. Puis j’ai pensé au charnier de Khenchela découvert en 1982. Cette ville que mon grand-père aimait avait son charnier datant des « évènements en Algérie ». Ça, je ne l’ai pas appris à l’école, pas dans les livres, mais en fouillant en vue d’un reportage qui n’a jamais vu le jour. J’ai su, parce que, comme Jean-Michel Aphatie, j’ai été curieuse, j'ai cherché par mes propres moyens, parce que j’en avais l’envie, les moyens, le temps et l’esprit critique.

Reconnaître que la France a été capable du pire n’est pas la haïr. C’est au contraire l’aimer, l’aimer à en crever et vouloir en refaire ce qu’elle a été si souvent : un pays digne, qui sait reconnaître qu’il n’a pas été parfait et qui le regrette.

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