Achbé a créé un street art poétique et éphémère. ©Michel Coste

« Craier » sur le bitume

Si vous arpentez les rues de Montmartre à Paris, il n’est pas impossible que vous lisiez des petites phrases écrites à la craie sur les trottoirs par Ma rue par Achbé.

C’est un street art éphémère et engagé que propose Claudie Baudry, alias Ma rue par Achbé depuis 2017. Une manière de se réapproprier sa rue et l’espace public à grand coup de craies. « J’avais besoin de jouer avec les mots et de m’exprimer », explique t-elle. Pour définir cet art elle invente un verbe : craier.

Ces petites phrases sont des chroniques de vie, d’actualité, d’abord adressées à ses voisins, ceux avec qui elle a une relation authentique. Puis la toile des réseaux sociaux se tisse autour d'elle, les partages se font de plus en plus nombreux. « Mon intérêt pour l’actualité vient du travail de mon conjoint, qui était dessinateur de presse. J’ai envie d’être pertinente et impertinente. »

Accrocher l’esprit

Claudie relève un défi avec ses jeux de mots : dire le plus et parler au plus grand nombre avec un minimum de mots. Une référence pour saisir ce qu’il se passe dans le monde et que chacun peut comprendre : « Je ne veux pas influencer, je veux juste poser une accroche qui fasse réfléchir ».

Les petites phrases reçoivent un accueil positif tant par le voisinage que par le passants. « Cela permet un échange, un réveil des sens et aide à libérer l’esprit. Je veux provoquer des choses. »

Elle commente l’actualité de manière poétique et sélectionne ses sujets pour marquer sa singularité : « Le féminisme, les migrants, l’homophobie, l’écologie sont des sujets qui me touchent, en parler c’est s’engager ».

Une esthétique épurée

A la simplicité des mots qu’elle emploie s’ajoute un style reconnaissable : une écriture enfantine, comme on l’apprend à l’école primaire. De belles majuscules, des lettres rondes et appliquées. « Je travaille aussi bien sur le fond que sur la forme du mot. » Ce style enfantin lui évoque également l’adage : la vérité sort de la bouche des enfants.

On retrouve aussi toute la simplicité de la démarche dans le support choisi par Achbé : le bitume. « Pour moi c’est l’endroit où l’on manifeste, je veux investir la rue. » Parfois les gens  pensent qu'il est difficile d’écrire à genou sur le sol : « C’est ma manière d’ajouter de l’humanité à la rue. C’est une démarche qui aide à supporter la vie ensemble et donne la force de continuer ».

Retrouvez Ma rue par Achbé sur Facebook et Instagram.

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