Boomerang récupère des drêches qui se ressemblent dans leur composition. ©AL

Des résidus de bières transformés en farine

La coopérative montréalaise Boomerang récupère les résidus de brassage des microbrasseries pour en faire de la farine de boulangerie.

Chaque année, les quarantaines de microbrasseries de Montréal produisent plus de 3000 tonnes de résidu de brassage, appelé la drêche. Ce résidu, qui est volumineux et qui fermente rapidement, est normalement jeté, composté ou donné aux animaux de ferme. Il est pourtant rempli de propriétés nutritives encore très peu exploitées pour la consommation humaine.

« Pour s’en débarrasser, ça coûte cher aux brasseurs, environ 450 $ par mois, explique Tangui Conrad, co-fondateur de Boomerang. Il y a deux solutions. Soit un agriculteur vient en camion et récupère les drêches. Il a le monopole, il facture cher et vient quand il veut. L’autre solution est un service de collecte privé de compostage/enfouissement qui met des conteneurs à dispositions et les collecte une à deux fois par semaine. »

De projet étudiant à coopérative  

Après des études en entrepreneuriat en Suède, Tangui Conrad et un camarade, Mathieu Gauthier, écrivent un mémoire de fin d’études sur la valorisation des résidus alimentaires. Ils discutent avec des entrepreneurs qui s’intéressent à la drêche.

Arrivés à Montréal pour faire leur maîtrise au HEC, en gestion et développement durable, ils doivent créer une entreprise fictive pour un cours. « On avait en tête la problématique des drêches. On est allé à la rencontre de quelques brasseurs, et on s’est rendu compte qu’il y avait un besoin de gestion. En les mettant tous autour d’une table, beaucoup se sont rendu compte qu’ils travaillaient avec le même agriculteur, mais qu’ils ne payaient pas le même prix. »

En faisant des recherches, ils découvrent des entreprises qui produisent de la farine de drêches, notamment à New York, Paris et Bruxelles, « mais seulement au niveau de deux ou trois microbrasseries ».

« On s’est dit que c’était faisable, et pourquoi pas à l’échelle d’une métropole comme Montréal. » Ils commencent à réfléchir au procédé de transformation et à la machine nécessaire pour déshydrater les résidus.

Deux ingénieurs, Alexis Galand et Basile Thisse, de Polytechnique Montréal, se joignent à l’équipe et en septembre 2019, le projet est lancé, sous forme de coopérative. « On voulait que l’entreprise soit gérée de manière démocratique, peu importe, le statut et l’argent investi », explique Tangui.

Ils reçoivent les statuts de la coop en mars 2020, « pile au début de la pandémie ». Ils décident de mettre tout sur pause avant de commencer l’achat du matériel. Au cours de l’été 2020, ils remportent le premier prix de la bourse Pierre-Péladeau, d’un montant de 100 000 $, ce qui leur permet de commencer de manière concrète.

Une entreprise qui mise sur le collectif  

En novembre 2020, Boomerang s’associe avec Belle Gueule, chef de file de l’industrie microbrassicole québécoise, et la boulangerie St-Vincent. La coopérative transforme les drêches en farine, puis la boulangerie s'en sert pour réaliser certains de ses produits qui se retrouveront de nouveau dans les brasseries, sous forme d’un pain à burger par exemple. Une circularité plus que parfaite.

Actuellement, la coop récupère les drêches de façon ponctuelle chez trois brasseries, et est en train de mettre en place un service de collecte avec un agriculteur.

« Il a notamment un élevage de poules à Saint-Jean-sur-Richelieu. Il va aller collecter l'ensemble des drêches dans les microbrasseries, le même jour, puis il déposera celles qui nous intéressent dans notre local et gardera le reste pour son élevage. L’avantage, c’est qu’il aura un petit salaire et de la nourriture gratuite pour ses poules. »

Actuellement, deux épiceries en vracs et cinq boulangeries à Montréal vendent et utilisent leurs farines.

Site de la coop Boomerang, leur page Facebook et Instagram.

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Commentaire

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  1. Connie b dit :

    Genial! Les nouvelles generations donnent un immense espoir pour l’avenir de cette planete.