La grainothèque de la bibliothèque Le Prévost à Montréal a un stock d'environ 2100 enveloppes de semences. ©AL

Des graines à emprunter et à partager

Les grainothèques permettent de se lancer dans le jardinage ou de se perfectionner dans la culture de semences sans dépenser un centime. Elles sont aussi un bon moyen de créer du lien dans sa communauté.

Une grainothèque, c’est une collection de semences que les citoyens, débutants ou plus expérimentés en matière de jardinage, peuvent emprunter. Généralement présentes dans les bibliothèques publiques, elles offrent gratuitement une variété de graines de légumes, de fleurs, de fines herbes ou encore de plantes médicinales.

Le fonctionnement peut différer d’un endroit à l’autre, mais le principe reste le même : pour assurer la pérennité du système, il faut emprunter des semences et en ramener, soit au moment de l’emprunt soit après la récolte.

Un lieu d’échanges

Bien plus que du troc, « une grainothèque, c’est le meilleur moyen qu’une communauté peut se donner pour préserver son patrimoine horticole, communautaire et local », estime David Robidoux, bibliothécaire et responsable de la grainothèque à la bibliothèque Le Prévost à Montréal, lancée il y a deux ans.

« Au-delà de l’économie d’argent, c’est aussi participer à quelque chose qui est plus grand. En participant à la grainothèque, c’est comme si tu ne jardinais pas tout seul. Tu jardines avec les autres usagers. C’est rejoindre une communauté. »

Parmi les 2100 enveloppes de semences que compte son inventaire, David Robidoux explique avoir toutes sortes de graines, des « classiques » à semer au printemps, mais aussi des plus rares.

Il raconte avoir récemment discuter avec une femme « qui a passé l’essentiel de sa vie dans une communauté religieuse » où un jardinier lui donner des larmes-de-job pour qu’elle en fasse des chapelets.

« Quand elle a su qu’on avait des graines de larmes-de-job, elle s’est dit ‘’ça y’est, cette année je vais les faire pousser, mais je n’ai jamais fait ça’’. Alors on s’est donné rendez-vous pour en parler et elle va venir en emprunter pour les planter elle-même. »

Il se dit fier « de ce genre d’histoires là », parce que grâce au stock de la grainothèque « cette dame va pouvoir revisiter son passé et se donner un rôle plus autonome dans son histoire ».

Un concept qui prend de l’ampleur

Les grainothèques sont de plus en plus présentes et connues depuis quelques années. David Robidoux croit qu’elles viennent combler « un manque qui existait déjà ».

« La provenance des aliments, tout le rapport au monde naturel qui s’effectue à travers l’alimentation et le jardinage nous a été un petit peu retiré de notre vie d’urbain. Si l’agriculture urbaine ça buzze fort, c’est justement parce que ça vient répondre à un besoin. On n’a pas tous une conscience fine, mais on a tous un besoin bien réel d’être en contact avec la nature, avec ce qui participe à notre environnement, à notre alimentation. »

Des grainothèques qui poussent un peu partout

Si on retrouve généralement les grainothèques dans les bibliothèques publiques, de nombreux autres endroits peuvent en héberger (médiathèques, universités, cafés, restaurants), sans oublier les associations de troc de graines qui existent. Les réseaux sociaux peuvent également être un bon outil pour pouvoir échanger des graines près de chez soi.

C’est notamment le cas de Graines de troc et Discussions au Jardin de Kokopelli en France.

Pour trouver des semences gratuites et prêtes à être semées en France, voici une carte non exhaustive disponible en ligne et qui les répertorie.

Et comme la rédaction se trouve aussi à Montréal, nous avons listé quelques grainothèques de la métropole sur cette carte.

N’hésitez pas à nous contacter si vous en connaissez d’autres (redaction@etbaam.com).  

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